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Jeux paralympiques 2024 : malgré leur défaite, les Bleues du goalball continuent leur apprentissage

Le silence requis dans la salle précède le tintement des grelots à l’intérieur du ballon, signal de l’action qui commence. Immobiles et en position d’attente jusqu’alors, les joueuses, qui arborent un masque opaque sur les yeux, plongent pour tenter de bloquer le tir adverse en se repérant au bruit émis. Un match de goalball – sport exclusivement paralympique conçu après-guerre pour les déficients visuels ayant moins de 1/10e d’acuité visuelle – évoque une chorégraphie. L’Italien Alessandro Sciarroni, qui lui a consacré un spectacle, en parle ainsi : « J’aime aussi qu’il y ait beaucoup d’énergie dans l’action et que ce soit très violent et très délicat en même temps car cela exige le silence. »
L’équipe de France féminine, qualifiée en tant que pays hôte, a disputé, jeudi 29 août, le premier match de son histoire aux Jeux paralympiques – chez les dames, la discipline est au programme depuis les Jeux de 1984, huit ans après son introduction au tableau masculin. Douzièmes des derniers Mondiaux (en 2022), les Françaises se sont logiquement inclinées, avant la fin du temps réglementaire, face aux Canadiennes (0-10), doubles championnes paralympiques en 2000 et 2004, et qui avaient terminé au pied du podium lors de la dernière édition, à Tokyo, en 2021.
D’une capacité de 5 000 places, l’Arena Paris Sud 6 était entièrement remplie en ce premier jour des Jeux. A l’entrée des Bleues, la foule s’est levée et a longuement applaudi, et plusieurs olas précédant le coup d’envoi ont animé les tribunes, avant que la speakerine ne rappelle la règle d’or du silence pendant la rencontre.
Chaque équipe est composée de six joueuses, dont trois évoluent en même temps sur le terrain (9 mètres de large sur 18 mètres de long), où six zones sont délimitées par des lignes dont le relief permet aux joueuses de se repérer. Elles servent par exemple en phase d’attaque puisqu’un tir n’est validé que si le ballon de 1,25 kilo rebondit une première fois dans sa zone d’équipe puis une deuxième fois dans la zone neutre.
Coralie Gonzalez, Gwendoline Matos, Adélia Ajami, Loïse Rondepierre, Melda Alhan et Jahmali Berquier constituent une équipe de pionnières, chargée de promouvoir dans le pays un sport qui ne compte que 356 licenciés. L’ossature est lyonnaise, et quatre Tricolores évoluent dans la section sportive rhodanienne de l’Association Valentin Haüy, double championne de France en titre.
Le jeu est rythmé, seulement entrecoupé des temps morts. Chaque fois qu’une équipe bloque un ballon, elle dispose de dix secondes pour attaquer à son tour. Titulaire au centre, la Haut-Garonnaise Coralie Gonzalez a dirigé le jeu de défense, distribuant les consignes. Face aux redoutables Nord-Américaines, les Françaises ont peiné à se montrer dangereuses en attaque et ont été friables en défense. « Elles ont été plus fortes », a simplement reconnu la Bisontine Gwendoline Matos, meilleure buteuse de Division 1, restée muette jeudi.
Les Bleues se sont consolées avec le soutien populaire : « Habituellement, si l’on joue devant cent personnes, on est déjà trop contentes », a poursuivi Gwendoline Matos. Cheveux teints en bleu, Coralie Gonzalez s’émerveille : « C’est magnifique. Je ne vois pas et quand je suis rentrée [dans la salle], j’ai pris une claque. Il y avait plein d’amour de nos supporteurs. Pour des gens qui ne connaissent pas notre sport, ils se sont tus et on fait du bruit quand il fallait. »
En France, le goalball ne se développe que depuis 2016 et, en quelques années, l’équipe de France féminine a rejoint la première division continentale. Cette première paralympique compliquée montre que le chemin est encore long vers le haut niveau mondial. « Les Canadiennes sont 6es mondiales, on est 18es. Elles ont plus d’expérience et nous, on l’engrange, plaide Coralie Gonzalez. On a un collectif assez jeune. Ça promet pour l’avenir. » Samedi 31 août et dimanche 1er septembre, les Françaises défient la Corée du Sud et le Japon. Quels que soient les résultats, elles disputeront un quart de finale, car le tournoi paralympique ne comprend que huit équipes.
Anthony Hernandez
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